Episode 1 – La sécurité intérieure. La fondation essentielle de votre chemin de conscience

par | Nov 1, 2024

La sécurité intérieure est, à mon sens, une base essentielle sur le chemin d’éveil de conscience et de reconnexion à soi-même. Pourtant, c’est un aspect souvent négligé par beaucoup de personnes engagées dans un chemin intérieur. Et pourtant, cette sécurité intérieure peut faire une différence profonde : dans notre état intérieur, dans l’espace à partir duquel nous réalisons nos projets, et dans la qualité de notre vie en général.

Quelques Questions pour Commencer

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vous invite à prendre un moment pour réfléchir à ces deux questions :

  1. Que vous évoquent les mots sécurité intérieure ? Quelles images, sensations ou pensées surgissent en vous lorsque vous entendez ces mots ?
  2. Sur une échelle de 0 à 10, à combien votre corps se sent-il en sécurité, là, tout de suite ?

Prenez un instant pour fermer les yeux, si vous le pouvez, et demandez simplement à votre corps. Accueillez la réponse sans réfléchir. Vous pourriez être surpris : la réponse de votre corps est parfois bien différente de celle de votre mental.

Mon Cheminement Vers la Sécurité Intérieure

Pendant longtemps, la question de la sécurité intérieure ne faisait pas partie de mon champ de conscience. Je ne m’interrogeais même pas sur le sujet, car je suivais mes élans avec une autonomie et une indépendance naturelles. Je faisais des choses qui pouvaient sembler impressionnantes, comme traverser la France en stop, dormir seule dans une forêt, ou encore construire ma yourte de mes propres mains.

Et pourtant, malgré cette confiance apparente en la vie, je ne ressentais pas de véritable sécurité dans mon corps, surtout dans mes relations avec les autres.

Il y a sept ans, un thérapeute m’a posé cette question pour la première fois : Comment te sens-tu dans ton corps ? Cette question a ouvert une porte en moi. J’ai réalisé, au fil de mon cheminement thérapeutique, que mon corps vivait dans un état d’alerte et d’anxiété quasi-permanent, sans que j’en sois consciente.

Découvrir et Habiter son Corps

Avec le temps, j’ai pris conscience des stratégies que j’avais mises en place pour pallier ce manque de sécurité : me couper de mon corps, me dissocier dans les relations où je ne me sentais pas à l’aise, malgré toutes les pratiques de yoga et autres activités corporelles que je faisais.

C’était mon état naturel, et je ne savais pas qu’une autre réalité était possible. Aujourd’hui, après des années de travail, j’ai accès à beaucoup plus de détente, de régulation et de présence, à la fois dans mon corps et dans mes relations.

Apprendre à habiter pleinement son corps, à écouter ses vrais besoins, et à entrer en amitié avec ses mécanismes de protection et de survie est un chemin exigeant mais transformateur. Comprendre le fonctionnement de mon système nerveux a été une clé essentielle. Cela m’a permis de relâcher la honte et la culpabilité de ne pas « réussir » à dépasser certains schémas malgré mes efforts.

Ce parcours m’a permis de passer de « je ne me sens pas bien et je ne sais pas pourquoi » à une compréhension plus claire. J’ai compris que mon corps et mon système nerveux étaient constamment en état d’alerte, vivant dans un état d’insécurité.

Cela m’a permis de relâcher la croyance que j’avais un problème, que quelque chose n’allait pas en moi, que je manquais de quelque chose ou que je devais faire encore plus de pratiques énergétiques ou spirituelles. Cela m’a apporté des compréhensions beaucoup plus profondes sur ce qui se passait en moi, et m’a permis d’utiliser mes outils d’une manière bien plus directe et pertinente.

Aujourd’hui, ma priorité est de vivre dans la détente et la régulation, dans mon corps, dans tout ce que je fais. C’est désormais la base pour moi. Et je crois qu’il est inutile de vouloir développer sa créativité, créer des projets ou des relations authentiques si, de base, notre corps n’est pas déjà dans un état de régulation et de sécurité. C’est un peu comme vouloir construire des étages d’une maison sans avoir fait les fondations.

Je suis convaincue qu’un grand nombre des problèmes que nous rencontrons dans nos vies proviennent d’un manque ou d’une absence de sécurité intérieure. Dans notre monde actuel, on nous pousse souvent à sortir de notre zone de confort. Mais avant de pouvoir en sortir, il est essentiel d’y être réellement installé. Et souvent, nous ne savons même pas où se trouve cette zone de confort et de sécurité en nous-mêmes. Ce que nous appelons « zone de confort » est parfois en réalité une zone de stratégie de survie, destinée à compenser un manque profond de sécurité intérieure.

Cela prend des formes variées selon les personnes. Pour certains, cela pourrait être un emploi stable, une relation de couple, ou une maison. Pour d’autres, cela peut se manifester par un besoin constant de mouvement, de vie nomade. Ce sont des stratégies qui, parfois, nous apportent un semblant de sécurité, mais ce n’est pas une véritable sécurité intérieure.

Est-ce que cela fait sens pour vous ? Est-ce que cela résonne ?

Je voudrais maintenant aborder un sujet essentiel : notre système nerveux. Ce sentiment de sécurité intérieure est étroitement lié à l’état de régulation de notre système nerveux autonome. Il est important de comprendre que, même si nous sommes des êtres spirituels et multidimensionnels, nous avons en nous une partie très animale. La plupart de nos réactions et comportements proviennent davantage de nos instincts primitifs que de notre intellect ou de notre spiritualité.

Le système nerveux autonome est notre système de protection, qui fonctionne sans que nous ayons besoin d’y penser. Il passe son temps à repérer les signes de danger ou de sécurité afin de nous maintenir en vie, activant des réponses de survie lorsque nécessaire. Ces réponses peuvent prendre la forme du combat, de la fuite, du figement, ou encore de la soumission (comme chercher à faire plaisir aux autres).

Ce mécanisme est incroyablement utile lorsque nous en avons besoin, par exemple si une voiture arrive soudainement et que nous devons réagir rapidement. Mais le problème, c’est que souvent, notre système nerveux s’active alors qu’il n’y a pas de danger réel dans le présent. Parfois, une remarque, un email, ou même une pensée peut activer une réponse de survie, car notre corps capte des informations qui ressemblent à des situations passées perçues comme dangereuses.

Beaucoup d’aspects de nous-mêmes restent bloqués dans le passé, incapables de vivre pleinement le présent. Cela définit ce que l’on appelle un trauma. Ces blessures émotionnelles, ces sensations figées dans notre corps, résultent souvent d’événements qui ont dépassé notre capacité d’intégration. Et ce phénomène peut se produire dès la petite enfance, sans qu’il soit nécessaire de vivre des événements violents ou extraordinaires. Ces mémoires traumatiques restent stockées dans notre corps et peuvent provoquer des réactions démesurées, parfois des décennies plus tard.

Le seul but de notre système nerveux est de nous maintenir en vie. Ce n’est pas une question d’épanouissement, de motivation, ou même de connexion spirituelle. Si notre système nerveux détecte un danger, toute notre énergie est mobilisée pour la survie. Il n’y a alors plus d’énergie disponible pour la créativité, la croissance personnelle, les relations authentiques.

Dans le monde du développement personnel, il y a une forte pression pour se détendre et lâcher prise. Mais ce n’est pas simplement une question de volonté. Si nous ressentons de l’hyper-contrôle ou de l’hyper-vigilance, c’est souvent pour de bonnes raisons : ce sont des mécanismes de survie mis en place pour nous protéger.

La véritable clé de la détente réside dans la sécurité du corps. C’est cette sécurité qui permet de guérir les blessures et les mémoires traumatiques, de rencontrer les espaces inconfortables en nous, de rester avec des sensations désagréables et intenses, et de faire comprendre à notre corps qu’il n’y a plus de danger à ressentir cette intensité.

J’aimerais vous donner une vision d’ensemble du système nerveux autonome, en m’appuyant sur la théorie polyvagale. Traditionnellement, on divisait le système nerveux en deux parties : le sympathique (l’accélérateur) et le parasympathique (le frein). Mais avec la théorie polyvagale, on a découvert que le parasympathique se divisait en deux branches : le vagal ventral et le vagal dorsal.

Le système nerveux autonome régule toutes les fonctions involontaires du corps, comme la respiration, le rythme cardiaque, la digestion, et la température corporelle. Il fonctionne automatiquement, sans que nous ayons à y penser. C’est grâce à lui que notre cœur continue de battre sans que nous y pensons.

Il existe trois états dans ce système : le vagal ventral (la sécurité et l’interaction sociale), le sympathique (l’action et l’activation du stress), et le vagal dorsal (le figement, la déconnexion).

Le vagal ventral est l’état optimal, où l’on se sent en sécurité, connecté aux autres, capable de se détendre et d’être curieux. C’est dans cet état que nous réagissons de manière adéquate au stress et aux changements.

Pour ressentir cet état de sécurité, je vous invite à vous souvenir d’un moment où vous vous êtes senti pleinement vous-même, où vous étiez accueilli et aimé tel que vous êtes. Ressentez ce qui se passe dans votre corps. Quelles sensations sont présentes ? Comment est votre posture ? Votre respiration ?

Le système sympathique est l’état de l’action et de la réponse au stress. Il nous prépare à l’action, mais peut aussi nous amener à des réponses de combat ou de fuite. Quand il est trop activé, cela peut entraîner de la colère, de la frustration, ou de l’anxiété.

Enfin, le vagal dorsal correspond à un état de déconnexion, où l’on se sent figé, coupé du monde.

Le but n’est pas d’être toujours dans un état ventral. Chaque état a sa place et son utilité. Mais l’essentiel est de pouvoir revenir rapidement à un état de régulation lorsque nous sommes dérangés.

Le plus important est d’élargir notre fenêtre de tolérance, c’est-à-dire notre capacité à gérer nos émotions et nos sensations sans être complètement débordés.

Comment y parvenir ? Cela sera l’objet d’un futur article, mais je vous propose trois clés essentielles pour développer votre sécurité intérieure…

Aujourd’hui, je veux vous parler de trois clés essentielles pour cultiver une sécurité intérieure profonde, une sécurité qui nous permet de nous sentir pleinement ancrés dans le moment présent, régulés et équilibrés. Ces clés sont interconnectées et, ensemble, elles forment une base solide pour une vie plus sereine.

1. Se connaître et s’observer

Développer sa sécurité intérieure n’est pas une question de solution miracle ou de voie toute tracée. C’est un chemin unique, que chacun doit trouver pour lui-même. Et ce processus de régulation peut parfois prendre du temps, des années même. C’est un chemin d’écoute profonde, d’observation, d’apprentissage de soi, d’apprentissage pour reconnaître ce qui est vraiment bon pour soi.

La première clé, c’est déjà de prendre conscience de l’état dans lequel on se trouve. Reconnaître l’insécurité qui peut habiter notre corps, même si, à un niveau mental, nous savons très bien que nous sommes en sécurité. Souvent, on fonctionne en mode survie sans même s’en rendre compte, en étant dans l’action, parfois de manière automatique. Pourtant, cela ne nous empêche pas de réaliser de belles choses, de connaître du succès, tout en étant dans un état dérégulé. Mais c’est au détriment de notre écologie intérieure, de notre santé, et cela peut très souvent mener à des burn-out.

Mon invitation, c’est d’observer régulièrement, tout au long de la journée, dans quel état se trouve votre système nerveux. Comment cela se manifeste-t-il pour vous ? C’est un processus très personnel, et chacun le vivra différemment. Observez les situations, les relations et même les activités qui vont vous apporter plus ou moins de sensations de sécurité. Qu’est-ce qui vous déclenche ? Qu’est-ce qui vous active ?

Il est également important d’observer quelles sont vos ressources, ce qui vous aide à revenir au présent, à retrouver la sécurité. Qu’est-ce qui vous fait réellement du bien ? Qu’est-ce qui est bon pour vous ? Apprendre à écouter votre corps et à discerner s’il dit « oui » ou « non » au-delà de ce que votre esprit peut croire est un apprentissage subtil qui prend du temps. Ce discernement est fondamental, notamment dans le cadre des pratiques énergétiques ou spirituelles. Ces dernières peuvent parfois provoquer un grand mouvement en nous, et on peut être amené à vivre des expériences en voulant bien faire, mais qui ne sont pas nécessairement ce dont notre corps a besoin. Cela peut même nous mettre dans un état de survie.

Sans une sécurité intérieure bien établie, certaines pratiques peuvent nous conduire à un figement, voire à une dissociation. Pour moi, c’est cette sécurité qui permet d’expérimenter une spiritualité incarnée, loin de toute fuite des sensations inconfortables.

Il y aurait bien sûr beaucoup à dire sur ce sujet, et ce sera probablement l’objet d’un prochain article, mais pour donner un exemple : parlons de la méditation. Notamment des méditations longues, où l’on reste immobile pendant un long moment. Il est crucial de distinguer si l’on est vraiment dans un état méditatif profond ou si l’on est simplement figé, ayant déconnecté les sensations qui étaient trop intenses. Ce figement est souvent confondu avec le calme. C’est quelque chose que l’on observe fréquemment lors des retraites. Apprendre à faire cette différence est essentiel.

Pour ma part, pendant des années, on me disait souvent que j’étais calme et zen, alors qu’en réalité, j’étais complètement figée, avec un véritable tourbillon intérieur. Cette confusion entre calme et figement est quelque chose qui mérite d’être explorée davantage.

2. La Co-Régulation : Apprendre à Se Réguler avec l’Autre

La deuxième clé, c’est la co-régulation. Pour moi, c’est vraiment l’une des manières les plus efficaces de se réguler. Cela consiste à être en contact avec une autre personne dont le système nerveux est régulé. Ce contact permet une transmission d’informations de régulation, d’un corps à un autre, qui est reçue par notre propre corps.

C’est un processus que nous expérimentons naturellement lorsque nous sommes bébés. Les nourrissons ne sont pas capables de se réguler seuls, donc ils ont besoin d’un adulte régulé pour leur transmettre cette information de régulation. Le bébé apprend ainsi à se réguler lui-même à travers l’exemple d’un adulte qui est installé dans sa propre sécurité.

Malheureusement, beaucoup d’entre nous n’ont pas eu la chance d’être entourés d’adultes ayant des systèmes nerveux régulés. Nous n’avons pas tous été en contact avec des modèles de sécurité intérieure. C’est pour cela qu’il peut être intéressant de se tourner, à un moment donné, vers un accompagnement thérapeutique, où le thérapeute peut nous aider à réapprendre ce processus de régulation.

Mais la co-régulation n’est pas toujours possible dans nos relations humaines, parfois la relation à l’autre peut être vécue comme un danger. Dans ces moments-là, il est possible de se réguler avec d’autres ressources, comme la nature ou les animaux. Personnellement, j’ai beaucoup utilisé la nature pour me co-réguler, à une époque où je n’avais pas d’accès direct à une co-régulation avec d’autres êtres humains.

3. S’Ancrer dans Son Corps et dans le Présent

La troisième clé, sur laquelle nous avons déjà effleuré, c’est l’ancrage dans son corps et dans le moment présent. La sécurité intérieure se trouve uniquement dans le présent. C’est en étant ici et maintenant que nous pouvons ressentir cette sécurité.

Pour ancrer cette sécurité dans notre corps, il est essentiel de pouvoir faire ressentir à notre corps qu’il est en sécurité dans le présent. Cela peut se faire par des pratiques simples mais puissantes comme le toucher en conscience. En touchant notre propre corps dans l’intention de lui faire ressentir que nous sommes là, présents, nous envoyons à notre système nerveux l’information qu’il est en sécurité.

Il est aussi important de pouvoir regarder autour de soi, d’observer le vivant qui nous entoure, avec la conscience que nous sommes dans le présent, ici et maintenant. Nos yeux, en explorant l’espace qui nous entoure, transmettent des informations de sécurité à notre corps. Cela permet de lui rappeler que tout va bien ici, tout de suite.

Enfin, la respiration joue un rôle fondamental dans cet ancrage. Prendre un moment pour respirer profondément, en venant habiter l’espace de son bassin et de son périnée, nous aide à ressentir notre présence dans l’instant. Ce n’est pas seulement y penser, mais vraiment le ressentir dans notre corps.

Il existe de nombreuses pratiques pour favoriser cet ancrage, mais l’essentiel est l’intention avec laquelle nous les pratiquons. C’est cette intention qui fait toute la différence.

Conclusion

Ces trois clés — la co-régulation, l’ancrage dans le corps et dans le moment présent — sont fondamentales pour cultiver la sécurité intérieure. Elles sont interconnectées et, ensemble, elles forment un ensemble cohérent pour créer un espace de paix et de sérénité.

Si cet article a fait émerger des questions ou des réflexions chez vous, n’hésitez pas à me les partager. Vous pouvez me contacter sur les réseaux sociaux ou via mon site internet.

Et si vous souhaitez aller plus loin dans la compréhension et la pratique de la sécurité intérieure, je vous invite à participer à l’une de mes retraites, où ce thème est toujours au cœur de notre travail ensemble.

De tout coeur

Cécile